Le sursemis pour améliorer sa flore et développer les protéines végétales

Le sursemis consiste à revaloriser une prairie existante en introduisant de nouvelles semences, sans avoir à retourner entièrement le sol. Cette technique se veut pragmatique puisqu’elle permet de limiter les passages en machine. Trois grandes familles d’outils se distinguent pour réaliser ce type de semis :

• L’implantation en surface :
  Des outils tels que la herse à prairie ou la herse étrille, souvent combinés avec un passage de rouleau pour bien enfoncer la graine. Certains outils à dents viennent ensuite émietter légèrement la terre pour favoriser le contact entre la graine et le sol.
• Les outils à disque :
  Ces dispositifs permettent de fendre le sol et d’implanter la graine plus en profondeur, garantissant ainsi un bon contact avec le substrat nécessaire à la germination.
• Les outils de préparation du semis :
  Ils griffent le sol et attaquent la couche superficielle, puis réalisent un roulage pour créer des conditions optimales en termes de lumière et de contact avec la terre.

Dans quelles situations privilégier le sursemis ?

Le sursemis s’avère particulièrement pertinent lorsqu’une prairie commence à se dégrader. Une rénovation totale d’une prairie comporte le risque de compromettre les stocks végétaux pour la campagne suivante. En effet, une prairie dégradée se caractérise par :

• La présence de nombreux trous
• Une flore moins diversifiée, avec une diminution des graminées au profit de dicotylédones moins intéressantes d’un point de vue agronomique et zootechnique

Le sursemis est donc une solution pour revitaliser la prairie, bien que sa réussite puisse être influencée par des facteurs extérieurs tels que la sécheresse ou le surpâturage.

Découvrez le témoignage de Camille DUCOURTIEUX, Chargée de mission ovins fourrages à la Chambre d’agriculture de la Dordogne, et de Rodolphe DEFFIEUX, Animateur à la Fédération des Cuma de la Dordogne, à travers les enjeux et les pratiques du sursemis.

La période idéale pour pratiquer le sursemis

Selon les experts, deux périodes se distinguent :

• Au printemps :
  Lorsque la pluviométrie est suffisante, le sursemis peut être réalisé avec succès.
• À l’automne :
  Cette saison est souvent privilégiée car la concurrence avec l’herbe en place est moins forte. Sursemer à l’automne permet, lors de la première coupe de printemps, d’obtenir un rendement supplémentaire pouvant atteindre une à deux tonnes par hectare, notamment dans le cas de sursemis de méteil. Toutefois, il est important de noter que l’effet peut être moins marqué lors des coupes suivantes et que certaines espèces, comme certains ray-grass hybrides, peuvent ne pas se réaffirmer en cas de conditions climatiques sèches.

Quelles espèces privilégier pour réussir son sursemis ?

Le choix des espèces joue un rôle déterminant dans la réussite du sursemis :

• Les espèces à grosses graines :
  Par exemple, le méteil est particulièrement adapté pour rehausser la qualité d’une prairie.
• Les espèces agressives :
  Des variétés telles que le ray-grass d’Italie, les ray-grass hybrides ou encore certains trèfles germent rapidement, ce qui leur permet de prendre rapidement le dessus sur la végétation existante.
• Les espèces à développement plus lent :
  Des graminées telles que le dactyle ou la fétuque, bien que moins vigoureuses au départ, offrent l’avantage de régénérer durablement la prairie. Il est fréquent que le trèfle, par exemple, mette entre six mois et un an avant de se développer de manière visible.

Les avantages économiques du sursemis

Au-delà des bénéfices écologiques, le sursemis offre plusieurs atouts économiques pour les exploitants agricoles :

• Réduction des charges de mécanisation :
  L’utilisation d’un seul passage, voire de deux passages (avec un roulage supplémentaire), permet de diminuer considérablement le temps de travail du tracteur et le coût des interventions sur le terrain.
• Optimisation des interventions en collective :
  La pratique du sursemis en CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole) permet de mutualiser les coûts et de bénéficier d’un outillage adapté sans investissement individuel excessif.

Le sursemis apparaît comme une solution stratégique pour régénérer les prairies dégradées, en alliant amélioration de la qualité florale et développement des protéines végétales. Entre choix judicieux des outils, périodes de semis adaptées et sélection d’espèces performantes, cette technique offre des avantages économiques non négligeables pour réduire les charges de mécanisation. Adopter le sursemis, c’est ainsi miser sur une gestion raisonnée et durable des prairies, tout en s’appuyant sur des retours d’expérience concrets et terrain, comme en témoignent Camille DUCOURTIEUX et Rodolphe DEFFIEUX.