Qui pour gouverner l’installation en agriculture ?

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L’installation en agriculture est un enjeu majeur pour l’avenir du secteur. Cécile Gazeau, docteure en sociologie, a consacré sa thèse à cette problématique sous le titre : Qui pour gouverner dans l’installation en agriculture ?. Son travail met en lumière la multiplication des acteurs impliqués et la complexité des politiques publiques en la matière.

Un contexte en mutation

L’installation en agriculture a longtemps été pilotée par des politiques publiques structurées, notamment depuis les années 1960. Cependant, au fil des décennies, de nouveaux acteurs se sont positionnés sur ce sujet. Aujourd’hui, ces derniers se diversifient pour répondre aux multiples dimensions de l’installation : accès au foncier, financement, formation, accompagnement, réseau et débouchés commerciaux.

En parallèle, le profil des nouveaux installés évolue. Si, autrefois, l’installation concernait principalement des jeunes issus du milieu agricole, on assiste désormais à une forte hausse des reconversions professionnelles. De plus, ces nouveaux profils sont souvent porteurs de projets agroécologiques, souhaitant transformer les modèles agricoles existants.

Une dynamique démographique inquiétante

Malgré ces évolutions, la démographie agricole reste préoccupante. Le nombre d’exploitations diminue de manière continue, et les candidats à la reprise issus du milieu agricole sont en baisse. Certaines filières, comme la production laitière bovine, rencontrent d’importantes difficultés de renouvellement des générations. Parallèlement, les circuits longs peinent à séduire les nouveaux entrants, qui privilégient des modèles intégrant davantage de valeur ajoutée, comme la transformation et la vente directe.

Le rôle stratégique des CUMA

Dans ce contexte, les Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) apparaissent comme des acteurs clés. Bien qu’elles ne soient pas historiquement impliquées dans le soutien à l’installation, elles ont tout intérêt à accompagner le renouvellement des générations pour assurer leur propre pérennité. Grâce à leur maillage territorial et à leur connaissance fine du terrain, elles peuvent jouer un rôle de trait d’union entre les différentes organisations et favoriser un dialogue constructif entre les divers acteurs de l’installation.

Les CUMA permettent ainsi de dépasser les querelles institutionnelles et de mutualiser les efforts pour accompagner au mieux les nouveaux installés. Cette capacité à fédérer est un atout précieux face à la complexification des dispositifs, notamment avec la régionalisation des aides à l’installation qui entraîne des disparités selon les territoires.

Vers une gouvernance plus inclusive ?

L’étude de Cécile Gazeau met en évidence une évolution en quatre temps des politiques d’installation, depuis leur institutionnalisation dans les années 1960 jusqu’à la régionalisation actuelle. Cette dernière phase, marquée par une multiplication des acteurs et une complexité accrue, pose la question de la gouvernance. Qui doit piloter l’installation en agriculture ? Comment coordonner efficacement les efforts pour garantir un renouvellement des générations cohérent et durable ?

L’avenir de l’installation passera nécessairement par une meilleure coordination entre les différents intervenants et une reconnaissance accrue du rôle des CUMA dans ce dispositif. L’enjeu est de taille : assurer la transmission des exploitations et accompagner les nouveaux profils d’agriculteurs vers des modèles économiques viables et durables.

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Publié le 11 juin 2024

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